Tiens voilà un sujet qui fait claquer le clavier ces derniers temps. Comme le rappelle ce très bon article de Stratégies, le crowdsourcing est "un néologisme inventé en 2006 par Jeff Howe et Mark Robinson, rédacteurs au Wired Magazine. Depuis, derrière ce mot, chacun est venu ajouter ce qu'il voulait: marketing participatif ou collaboratif, cocréation etc (...). Le principe: faire appel à la créativité, l'intelligence et le savoir-faire des internautes pour sa création et ses produits".
Si le crowdsourcing a fait son petit effet en tant que "nouveau concept marketing sur le mode participatif", cet espace collaboratif créé par et pour les internautes, et pour les marques in fine tâte encore un peu du terrain pour trouver le bon modèle adapté à la bonne marque au bon moment.
Prenez par exemple Eyeka, "the co-creation community", une plateforme collaborative qui relie les marques et les "crowdsourceurs", c'est à dire vous et moi en fonction de nos compétences respectives à apporter un plus à la demande de la dite marque. Eyeka met donc en relation des annonceurs qui veulent l'avis et les idées surtout du quidam un peu doué pour créer, produire et développer de nouvelles campagnes de comm', inventer des nouveaux produits, développer un concept etc.
Kickers a notamment fédéré autour de sa proposition quelques belles affiches marrantes qui n'ont rien à envier à de la "vraie pub" et Reebok a ouvert un sacré espace créatif autour de sa demande "quel produit (autre que celui de l'univers du sport) Reebok pourrait-il développer pour les femmes" ? Une very good question à laquelle ont répondu 513 crowdsourceurs inspirés: des céréales, du rouge à lèvres, du vernis à ongles, du parfum, des articles d'équitation. Un grand bazar rigolo dans lequel la marque va maintenant faire le tri.
Justement, j'étais hier au Musée des Arts Déco où se tient pour quelques semaines encore une expo incroyable sur les Playmobil. Pour les petits of course, mais aussi pour les grands qui s'étonneront comme moi de la vision "participative" du fondateur des petits jouets articulés en plastique. Et qu'y voit-on là-bas ? Tout un panneau avec plein de dessins d'enfants envoyés au siège de Playmobil, textes souvent à l'appui, exprimant leur désir de nouveaux produits avec des tas d'idées vraiment marrantes, les dites idées étant étudiées par la marque pour développer ses collections ! Le crowdsourcing vintage en culottes courtes ! ;-)
Si - toujours sur Eyeka - le projet de design du nouveau flacon de parfum de Calvin Klein recueille quelques dossiers intéressants mais bon pas franchement de quoi se lever la nuit, celui de Piaget rame à trouver des contributeurs. Il faut dire que la barre est placée un p'tit peu haut: la marque cherche un film viral sous forme de teaser pour fêter les 20 ans de la collection "Possession". Euh, ben, je sais pas, je serais eux, genre marque de luxe, je demanderais à une agence, non ??
Et comme le rappelle Stratégies dans son article, en vrai de vrai, les agences n'aiment pas trop Eyeka, et on peut les comprendre même si bon, les "pros" ne risquent pas se mêler aux amateurs sur le Web pour divulguer leurs idées... Si ?
Et comme l'explique très bien Philippe Dupuis sur Darkplanneur, il n'est pas non plus certain que le luxe soit soluble dans le crowdsourcing, ou inversement. Tout simplement parce que comme l'argumentent très bien Jean-Noël Kapferer et Vincent Bastien dans "Luxe Oblige", les fondamentaux du luxe sont dans la rareté et le rêve. Je ne suis donc pas très sûre personnellement non plus de fantasmer sur ce que le quidam va me fournir comme idée pour me faire acheter des sacs, parfums ou autres articles à dix mille boules l'unité, voyez-vous...
Après, on peut entrer dans la catégorie "crowdsourcing VIP" et solliciter pour ça quelques blogueuses (rémunérées of course) par exemple sur le thème de la mode pour faire parler de la marque. C'est ce qu'a très bien réussi à mon sens American Vintage dans une récente opération avec site dédié.
En réalité, le modèle du crowdsourcing n'est pas uniquement adapté aux marques qui cherchent des idées parmi la foule. En comm' interne, suggérer aux salariés de contribuer à un projet d'entreprise serait quand même loin d'être une mauvaise idée, comme l'explique d'ailleurs Matthieu de Lesseux à Stratégies. Et c'est bien sur ce thème qu'à été repensé récemment l'intranet de Bouygues Telecom qui se veut Web2.0 et plus participatif que jamais.
On le voit, le débat et les idées liés au crowdourcing pour les marques sont loin d'être terminés, ... A chacun d'apporter sa petite pierre à l'édifice sans savoir à l'avance ce qui sera construit ! Sur-praïse !
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